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[Cinéma de quartier] Le Veilleur de Nuit par Ole Bornedal

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Synopsis

Alors qu'un tueur en série terrorise la ville, Martin accepte un travail comme veilleur de nuit à la morgue. Pris dans un piège qui le dépasse, seul dans cet endroit sinistre, il devient bientôt le suspect numéro 1 aux yeux de l'inspecteur Cray...

 

 

Casting

Réalisateur : Ole Bornedal

Actrices et acteurs : Ewan McGregor, Patricia Arquette, Josh Brolin, Nick Nolte, Brad Dourif, John C. Reily, Lauren Graham, Alix Koromzay...

Date de sortie : 12 Aout 1998 (cinéma)

 

 

 

Avis

La fin des années 90 a vu émerger une renaissance du slasher, dans le sillon du ras-de-marée Scream, tendant vers un cynisme peu réjouissant. C'est alors que Ole Bornedal, réalisateur Danois pris par des soucis de distribution pour son premier film, Nattevagten, décide de passer la seconde en migrant vers les USA afin de signer lui-même le remake de son œuvre. Noyé entre Souviens-toi l'été Dernier et Urban Legend, Le Veilleur de Nuit peine à trouver son public, lequel ne sait pas trop comment le prendre, comment l'ingérer et le digérer. Car ici, pas de sourire en coin, pas d'ironie, pas de ridiculisation des codes. Non, Ole Bornedal cherche vraiment le malaise, la peur.

 

L'introduction donne tout de suite le ton : nous ne sommes pas face à un simple ersatz de Ghostface. La stylisation du crime en cours rappelle les meilleurs gialli, saupoudrée d'une vue subjective citant l'opening de Halloween. Il est évident que, contrairement à Wes Craven et ses copycats, Ole Bornedal n'utilise pas le genre afin de s'en moquer. Non, comme tout auteur honnête il ne cherche qu'à le sublimer de sa vision. C'est ainsi que ce meurtre originel est surtout une façon de faire entrer en scène non pas le modus operandi, mais le véritable sujet du film : l'angoisse face à l'idée de mort. La peur de la grande fin. Le meurtrier, dont on comprend vite que l'identité fera l'objet d'un whodunit, fantasme sur le corps chaud d'une femme qu'il aimerait froid. Car là où règne la peur couve l'excitation. A tel point que le potentiel cinglé nécrophile à l’œuvre en vient à dépasser le fantasme...

 

Après ce début à la fois beau et très douloureux, le réalisateur Danois débute une véritable symphonie. Le rythme de l'histoire, du très bon scénario co-signé par Steven Soderbergh, est diaboliquement précis, réglé comme du papier à musique. Après le choc, le calme. Ole Bornedal sait que la peur ne peut être un état constant, donc il construit son tempo en laissant le spectateur souffler. Mais via ces moments de répit, il continue de creuser son sujet. Son casting, impeccable au point d'être une véritable attraction, est une série de portraits tous travaillés par l'agonie. On retrouve donc les quatre étudiants, deux couples, dans leur quotidien. L'un d'eux, incarné par Josh Brolin, montre une certaine instabilité affective. On n'en saura pas plus pour le moment, car est venu le temps de voir le veilleur de huit, Ewan McGregor, découvrir son nouveau et lugubre lieu de travail. Une morgue, qu'il devra garder pendant les heures obscures. Ce tour du propriétaire est mené par le veilleur en partance, dont la fonction d'éclaireur rappelle fortement le chef cuisto Hallorann de Shining. La grande finesse du film est de ne pas cacher quoi que ce soit, dès cette séquence le lieu donne une grosse dose de la frayeur à venir. Par exemple, aucun mensonge sur l'éternelle lumière qui grésille, elle est dans cet état dès cette séquence découverte.

 

Intervient alors la séquence clé. Les rapports entre les amis se complexifient, et le personnage joué par Josh Brolin apporte le doute nécessaire afin de faire le lien avec la séquence d'introduction. L'astuce étant que le moyen d'y arriver fait toujours appel au thème de l'excitation par l'angoisse de la mort, complètement valable chez des étudiants dont le futur incertain est un vrai sujet. Donc on respire certes, mais le réalisateur prépare surtout le terrain à ce qui vient, soit l'une des séquences les plus flippantes jamais vues de mémoire d'humble cinéphile. N'avez-vous jamais eu peur, seul(e) chez vous, devant aller au petit coin alors que le monde est plongé dans le noir absolu ? Allumer la lumière, oui, mais n'avez-vous jamais ressenti une présence derrière vous, ou dans les ténèbres entourant la lumière ? N'avez-vous jamais pressé le pas, oublié d'éteindre une pièce, obligé d'y retourné en imaginant qu'un main s'emparera de la votre dès qu'elle appuiera sur l'interrupteur ? Si oui, c'est simple vous retrouverez tout ces sentiments dans Le Veilleur de Nuit. Grâce à des travellings efficace en diable, la mise en scène donne au lieu déjà malsain une personnalité telle qu'il devient un véritable personnage malveillant.

 

On pourra peut-être regretter un final grandiloquent, trop long, et un bad guy dévoilé un peu trop tôt dans l'intrigue, annihilant un peu le suspens. Il est vrai que le spectateur en seul quête de twist savoureux sera déçu, mais l'amateur d'ambiance glauque, de thèmes dérangeants, sensible avant tout à la mise en scène et non à l'action sanguinolente (même si on est un minimum servi à ce niveau), en sortira plus que ravi.

 

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J'aime

  • La morgue, lieu glauque et parfait pour construire une ambiance bien effrayante.
  • Le rythme, tout en pauses et crescendos.
  • Le casting impeccable dans son, entièreté.
  • La bande originale et le mixage.
  • Pas vu l'original, mais ce Veilleur de Nuit prouve que non, les remakes ne sont pas tous de mauvais films.

 

 

 

Vu en DVD chez Studio Canal.

Publié par MB.



20/10/2014
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