J'aime le cinema

Synopsis

Soupçonné d’avoir assassiné sa fiancée, rejeté par tous ceux qu’il connaît, Ignatius a sombré dans le désespoir. Un matin, il se réveille avec une paire de cornes sur la tête. Celles-ci lui donnent un étrange pouvoir, celui de faire avouer leurs plus noirs secrets aux gens qu’il croise. Ignatius se lance alors à la recherche du véritable meurtrier…

Casting

Réalisateur : Alexandre Aja

Actrices et acteurs : Daniel Radcliffe, Juno Temple, Max Minghella, Joe Anderson, Heather Graham...

Date de sortie : 1 Octobre 2014

Avis

Après un Piranha 3D dont le niveau de "what the fuckerie" frisait le ridicule, j'attendais Alexandre Aja au tournant. En effet, celui qui avait bien lancé sa carrière US avec son mémorable remake de La Colline a des Yeux a, ensuite, eu plus de mal à me convaincre totalement. Avec Horns, adaptation d'un roman de Joe Hill, Aja s'approprie une histoire qui s'éloigne de l'horreur pure et dure. Les premiers instants annoncent le ton du film : à la fois doux et amer, morose et beau. Le réalisateur prend son temps pour installer son Ignatus, incarné par un Daniel Radcliffe étonnant dans la posture rebelle et l'attitude sombre. Plongé dans le malheur, accusé d'un meurtre qu'il ne peut avoir commis, "Ig" traîne sa carcasse et doit composer avec un entourage méfiant, incluant sa famille.

Poussé par le désespoir, Ignatus défie Dieu sur le lieu du crime de celle qu'il a tant aimé. Après cette nuit, particulièrement arrosée, des cornes lui poussent au front. Paniqué, il fonce à l'hôpital mais personne ne semble alerté par l'étrangeté de la situation. Non pas qu'ils ne voient pas les excroissances, c'est plutôt qu'elles ne marquent pas les esprits des gens que "Ig" croise. Abasourdi, le jeune homme remarque petit à petit que les badauds ont l'étrange facilité de lui confier leurs pensées les plus sombres, les plus inavouables. Et c'est là toute la puissance de ce scénario : c'est à la fois jouissif et gênant, c'est l'essence même du voyeurisme. Mais très, le focus se refait intégralement sur l'enquête que mène Ignatus. Fort de ce pouvoir, le super-antihéros cornu va remonter la piste de celui qui commis l'irréparable, l'impardonnable.

Et c'est là que les choses se gâtent. Le concept est génial, mais il sert une investigation aussi banale que plate, dont la profondeur est sabordée par des thèmes évoqués superficiellement. Les informations sont pourtant assez bien parsemées, par exemple la découverte de l'état d'esprit du personnage campé par l'adorable Juno Temple se fait avec un réel plaisir, aidé par des séquences flashback en forme de conte de fée mélancolique. C'est beau, c'est plaisant, et Aja démontre qu'il peut donner dans le drame. Mais voilà, le whodunit souffre d'un manque de pétillant. Aja passe à côté de son crescendo et l'épreuve que traverse Ignatus a du mal à atteindre le niveau émotionnel qu'elle devrait atteindre. Ca manque de tripes, de mordant. Le cliffangher a donc du mal à provoquer la tension nécessaire, malgré l'impression d'assister à une œuvre bien emballée. L'image parfaite est cet antagoniste, rigolard alors que l'action devient intense. Pour caractériser le stress du personnage ? Peut-être, mais c'est maladroit.

Malgré ces retenues, je ne peux nier avoir passé deux bonnes heures devant cet Horns. En progrès, Aja ose mélanger les genres avec réussite tout en restant très généreux sur son domaine de prédilection, que les amateurs de cinéma de genre se rassurent. Conte de fée morose lorgnant vers le thriller, le drame et le film de super-antihéros, j'en retiendrais le courage d'un réalisateur plus que jamais à suivre : il risque de nous étonner.

J'aime

• Un mélange des genres d'un courage à saluer.
• La découverte de la malédiction qui frappe Ignatus, jouissive.
• Les flashback, bourrés de belles émotions.
• Daniel Radcliffe fait oublier qu'il fut Harry Potter, un exploit.
• Très bon boulot de Frederick Helms, le directeur de la photographie.

Vu au cinéma.

Publié par MB.