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[Avis] Aux Yeux des Vivants par Alexandre Bustillo et Julien Maury

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Synopsis

Fuyant leur dernier jour d’école, Dan, Tom et Victor, trois adolescents inséparables, se perdent dans la campagne avant de s’engouffrer dans les méandres d’un studio de cinéma abandonné depuis des années. Un lieu décrépi devenu depuis le repère d’Isaac et Klarence Faucheur, un homme et son étrange fils, bien décidés à ne pas laisser le trio dévoiler leurs sombres secrets aux yeux des vivants. La nuit tombe. De retour chez eux, les adolescents ne tarderont pas à s’apercevoir que quelque chose les a suivis et que la nuit risque d’être l’une des plus longues de leur vie…

 

 

Casting

Réalisateurs : Alexandre Bustillo et Julien Maury

Actrices et acteurs : Theo Fernadez, Damien Ferdel, Zacharie Chasseriaud, Anne Marivin, Francis Renaud, Fabien Jegoudez, Nicolas Giraud, Béatrice Dalle, Dominique Frot, Chloé Coulloud...

Date de sortie : 30 Avril 2014 (cinéma), 15 Octobre 2014 (DVD/BR)

 

 

 

Avis

L'horreur à la française était donc bien un phénomène de foire, voué à une disparition quasi immédiate ou un exile vers des terre plus riches mais plus "exigeantes". Enfin, ça, c'est ce qu'on nous dit, car des irréductibles tiennent bon et refusent ces "exigences", disons-le veulent tenir le director's cut. La liberté de ton et de créer quoi. Après Livide, Bustillo et Maury se disent qu'il est temps de se joindre à la ruée vers l'or, avec sous le bras plusieurs projets liés à des licences (dont un Hellraiser), mais aussi un scénario alléchant autour de la naissance artistique de Stephen King. Après avoir estimé que les États-Unis ne leur offrait pas la liberté de création nécessaire, le duo revient en France et décide de modifier leur projet autour de l'auteur de Ca.

 

Le film débute en auto-citant l'univers de ses réalisateurs, avec une Béatrice Dalle rappelant l'intrigue (et non son personnage) de A l'intérieur. Pas super réussie, cette entrée en matière tire visuellement vers le cradingue de The Devil's Rejects et expose à la va-vite l'intrigue en passant à côté de ses personnages. Ces derniers, les deux moitiés du couple à l'origine du drame à venir, sont assez caricaturaux et peinent à créer le mystère à cet instant précis.

 

Heureusement, les choses s'arrangent très vite, dès l'arrivée du trio d'adolescents. Aux Yeux Des Vivants devient alors une œuvre passionnante, pas spécialement par son scénario qui se borne, budget limité oblige, à aller à l'essentiel. Mais par son mélange des genres, ce fantasme associant l'aventure des Goonies, le road trip de Stand By Me, les vélos de E.T. (voir de Ça) et... la violence graphique la plus saignante. Résulte une ambiance unique de mémoire d'humble cinéphile, qui aurait pu être un vrai plaisir transgressif pour l'adolescent que je fus. Mais si, celui qui allait feuilleter furtivement le dernier Mad pendant que ses parents remplissaient le caddie...

 

Au-delà de ces fusions réussies, Aux Yeux des Vivants prolonge les thématiques déjà vues dans les précédents films du duo. Le rapport à la parentalité est évident, et bien plus positif qu'il n'y paraît. Pas spécialement de jugement sur la bonne ou mauvaise mère, mais on sent une vraie recherche de la maman contemporaine, et des relations avec l'enfant qui n'ont pas bougé fondamentalement. A l'image d'un slasher où les filles et garçons trop légers sont quasi sûrs de périr dans d'atroces souffrances, le parent indigne ne peut que se faire voler son bambin et la mère aimante, aussi moderne et peu raccord avec l'idée que certains s'en font, voit son foyer mieux s'en sortir.

 

Pour ton Bon existe un Mauvais. La trame prudente elle rehaussée par un croquemitaine réussi à la fois dans son aspect que dans son fond, son mobile. Bon sang, comme Fabien Jegoudez est une trouvaille sensationnelle. Rappelant fortement ce que pouvait apporter Michael Berryman en terme de présence physique, il domine la seconde partie du métrage avec des séquences brutales qui raviront les amateurs de cinéma de genre. Ne pas spoiler est compliqué, mais la première apparition dans son état le plus naturel naturel possible restera dans les mémoires. Ses motivations sont bien plus parlantes qu'il n'y paraît, en appuyant encore une fois sur le rapport entre le parent et l'enfant, en pointant du doigt l'influence néfaste que nos décisions peuvent avoir sur ceux qui paieront nos hypothétiques retraites. Le parent et son rejeton maléfique se terrent dans un décor qui, encore une fois, parlera aux cinéphiles. Sorte d'Almeria devenue ville fantôme à l'usage de psychopathes, penchant horrifique de 800 Balles, on regrette qu'il ne soit traité que partiellement, encore une fois dû au budget riquiqui.

 

Au final, il est difficile de comprendre pourquoi Aux Yeux des Vivants s'est autant fait détruire lors de sa microscopique sortie cinéma. Bien plus attachant que bien des grosses productions du genre, le film souffre de défauts principalement scénaristiques et liés au budget, mais s'avère touchant dans l'amour qui en déborde. Bustillo et Maury sont à féliciter pour ça, et à encourager. Persévérez les gars !

 

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J'aime

  • Un mélange des genres qui donne un résultat original, détonnant.
  • Metaluna, pour donner sa chance au cinéma d'horreur Français.
  • Les trois enfants sont bons. Pas de têtes à claques !
  • De Massacre dans le Train Fantôme à Stand By Me, en passant par Dark Water au détour d'un plan, c'est référentiel sans être ostentatoire.
  • La deuxième partie, et ce croquemitaine effrayant au possible.

 

 

 

Vu en DVD chez M6 Interactions.

Publié par MB.



18/10/2014
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