[Avis] The Battery par Jeremy Gardner
Synopsis
Au cours d’un road-trip à travers les Etats-Unis, au cours duquel ils doivent lutter contre des morts vivants, deux anciens joueurs de base-ball s’aperçoivent qu’ils devront aussi faire face à leurs propres démons…
Casting
Réalisateur : Jeremy Gardner
Actrices et acteurs : Jeremy Gardner, Adam Cronheim, Niels Bolle, Alana O'Brien...
Date de sortie : 5 Août 2014 (DVD)
Avis
Après avoir connu une véritable renaissance avec la sortie de L'Armée des Morts en 2004, le film de zombie connaît , actuellement, une période de vaches maigres. Devenu, pour des réalisateurs peu talentueux, un moyen de se faire une place au soleil auprès d'une fanbase qui fond pourtant comme un toon dans la trempette, le mort-vivant devient has-been. Alors, les amateurs de cette figure horrifique meublent en débattant autour de thèmes aussi décourageants que "le zombie qui court c'est mieux que celui qui marche" etc. La forme ayant emporté la partie au profit d'un fond qui fut pourtant la base de la figure "zombifique" moderne, il n'est pas étonnant de voir ce genre de film être tiré par le bas. Le dernier bon effort remonte à 2012, avec un The Dead contemplatif et métaphysique même si son rythme posait problème. Le reste se borne à de la série Z avec des morceaux de Danny Trejo dedans. Au secours.
C'est dans ce marasme que The Battery sort en catimini. Et, d'emblée, il se pose comme une œuvre à part. Le plan d'ouverture s'étire, s'étire, s'étire, et a l'intelligence de tout de suite dessiner les deux personnages. Ca se situe dans une forêt. Mickey, casque sur les oreilles lui donnant des airs de la souris de Disney, fume. Perdu dans ses pensées, dans sa musique, il va s'assoir sur les marches de la maison devant laquelle il se tient. La porte est ouverte, source d'obscurité. Plus de piles, Mickey les change, renfile son casque, se relève et va voir à la porte toujours avec une sorte de paresse dans les gestes. "Go go go !", la voix de Ben, barbu comme un bucheron et crado, résonne comme un signal au son duquel Mickey décampe. Ben sort de la baraque, tire au flingue vers la porte, et se met lui aussi à courir. En un plan, on a compris les disparités de caractère qui vont porter atteinte, fatalement, au duo.
Suit alors une première partie qui confirme ces différences, dans un road movie qui efface, à de rares exceptions, les zombies de l'écran. La "battery", terme qui signifie le couple lanceur-receveur au baseball, est mise à l'épreuve des démons qui guettent, et ceux-ci sont intérieurs et non mordants, gémissants. On peut regretter un déséquilibre, avec un Mickey bien plus source de soucis son binôme. Le sujet de la déshumanisation en pâtit un peu, tant Ben voit s'abattre sur lui les conséquences des actes de son comparse, encore marqué par sa vie d'avant. Mais ce petit regret n'entame en rien le reste. Cette première partie road-movie déborde d'énergie, bien aidée par une bande originale agréable et un visuel courageux. Oui, courageux est le mot juste, quand on sait que The Battery fut budgété à... six mille dollars. Six mille. Et deux semaines de tournage. Deux. Tourné intégralement au 5D, Gardner l'utilise au mieux en plaçant son action principalement de jour (le 5D nécessitant un éclairage lourd donc cher pour les séquences de nuit, pour peu qu'on veuille y voir quelque chose). Le résultat est phénoménal, même si évidemment loin d'approcher le rendu standard des productions habituelles. Pour atteindre un tel résultat, nul doute qu'il a fallu une sacrée dose de motivation.
Cette motivation, cette rage de réussir, se retrouve à l'écran. Après une première partie contemplative, The Battery tourne au huis-clos traumatisant, désespéré. Enfermé dans une poignée de mètres carrés, le duo n'a pas d'autre choix que de subir la situation. L'eau vient vite à manquer, le bruit devient insoutenable. Le hors-champs marche à plein régime, et c'est une réussite tant ce qu'on entend nous suffit. Les heures passent, les jours, les semaines ? Cette séquence est un gros pied de nez aux climax bêtes et méchants. Maîtrisé, subtil, ce morceau de bravoure offre même un plan-séquence mémorable, non par l'action mais par la tension palpable qu'il dégage. Tension qui ne baissera qu'après le dernier plan.
Dans la torpeur du genre Zombie, a surgit une pépite. Pas un grand film entendons-nous bien, mais le genre de film qu'on est fier d'avoir découvert, alors que le cours d'eau ne nous proposait plus que du toc depuis de longtemps.
J'aime
- Un bon film avec du zombie dedans, ça existe encore !
- Les moyens plus que limités, pour un rendu plus que satisfaisant.
- La première partie, pêchue.
- Le final, sa situation tendue.
- Le casting a de la gueule.
Vu en DVD chez Zylo.
Publié par MB.
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