J'aime le cinema

Synopsis

Un jeune publicitaire voyage jusqu'au fin fond de la campagne pour des funérailles et constate que personne n’y connaît son nom ni la nature de sa relation avec le défunt. Lorsque le frère aîné de celui-ci lui impose un jeu de rôles malsain visant à protéger sa mère et l'honneur de leur famille, une relation toxique s'amorce bientôt pour ne s'arrêter que lorsque la vérité éclatera enfin, quelles qu'en soient les conséquences.

Casting

Réalisateur : Xavier Dolan

Actrices et acteurs : Xavier Dolan, Lise Roy, Pierre-Yves Cardinal...

Date de sortie : 16 Avril 2014

Avis

C'est dingue ce que les premières minutes d'un film peuvent contenir comme indices sur ce qui sera projeté à nos yeux ébahis. Les premiers plans, qui vont de gros plans sur une lettre d'adieu à des plan d'ensemble vertigineux, disent déjà ce qu'on va voir tout au long du film : on sera projeté dans le cœur des personnages, tout en passant par des moments plus contemplatifs. La voiture de Tom parcoure des chemins inquiétants, le danger entoure le jeune homme sur le crâne duquel trône un mollusque blond. Bon sang que c'est laid, mais passons. Il rejoint une exploitation agricole plongée dans le brouillard, à l'image du personnage principal, et du spectateur qui ne sait toujours pas à quoi s'attendre. La tristesse transpire des paysages, des décors, les couleurs semblent s'être fait la malle pour ne laisser que les silhouettes s'exprimer, sombres et inquiétantes. C'est beau, lugubre. C'est tout et son contraire. C'est lourd sur les épaules et ça met une pression palpable, comme une vérité qu'on a envie de hurler sans le pouvoir, de peur de choquer l'assistance.

La première rencontre entre Tom et Agathe fait un peu la lumière sur la présence de Tom, due aux funérailles d'un jeune homme. On comprend assez aisément qu'il s'agissait du petit ami de Tom, et que leur relation en était encore au stade de secret. Enfin, plus ou moins, car le frère du défunt semble bel et bien au courant, et ne veut pas que la chose s'ébruite. De plus en plus violent, l'ainé impose à Tom de simuler l'hétérosexualité. Cette épreuve, cruelle, ne peut qu'emmener vers un final tragique, au bout d'une horrible transformation forcée.

Si on peut louer le courage d'un tel thème par les temps qui courent, on peut néanmoins être un peu dubitatif sur certains points. Tout d'abord, Dolan a tendance à se regarder jouer, et son temps de présence paraît trop important, apportant un déséquilibre malvenu. Pour parler des difficultés de l'acceptation de l'homosexualité dans le milieu rural Canadien, il faut montrer ce dernier. Résumer ce sujet à une joute SM entre deux personnages peut paraître à la fois puéril et simpliste, le sujet n'est pas assez approfondi. Incompréhensible, tant le réalisateur fait une priorité, et il a raison, de cadrer serré pour aller au plus prêt des personnages. Et quand le film tourne au thriller pur et dur, l'amateur de genre ne peut s'empêcher de se rappeler d'autres bobines bien plus maîtrisées dans ce domaine. Résulte une impression aussi incertaine que le personnage de Tom au début de sa bien triste aventure.

Étrangement, la personnalité de Dolan prend trop de place, tout en provoquant une sorte d'attirance de par le talent qui transpire indiscutablement. Ce talent brut doit encore se polir pour pouvoir proposer un film accompli de bout en bout, un véritable bloc d'émotions.

J'aime

• Dolan aime les plans serrés, et il a bien raison.
• La direction des comédiens qui évite le rendu théâtral de la pièce initiale.
• Le sujet courageux du droit à la différence.
• Un crescendo efficace, qui fait passer le film du drame familial au thriller.
• La bande original.

Vu en DVD

Publié par MB